Rien qu'un grain de sel ?

Vous allez me dire qu’est devenu notre grain de sel dans ce grand salmigondis électoral ?

Rien qu’un grain de sel, ni plus, ni moins. Un grain de sel déjà capable de faire entendre une musique citoyenne radicalement neuve mais un grain de sel encore incapable de jouer les grains de sable face aux rouleaux compresseurs du moment. Après, comme le dit fort justement Elias Canetti, si « toute nouveauté a besoin d’impatience pour naître », il faut aussi garder « immense, une chose, une seule : la patience ». 

Nous le pensions hier et nous le pensons toujours aujourd’hui. Ils nous a fallu des semaines pour échanger avec des centaines de citoyen-ne-s ; il nous faudra des mois pour que des milliers d’entre-nous s’emparent de cette refondation démocratique et il nous faudra sans doute des années pour que des dizaines de milliers la considèrent comme incontournable. Alors, de la patience.

D’ici une semaine, la gauche dans son ensemble, sera rayée des cartes électorales… Or, « plus on lutte pour sa propre survie, plus il devient évident qu’on lutte contre les autres qui vous gênent de tous les côtés » (Elias Canetti, « Masse et puissance », 1960). C’est aussi pour cela que notre maison de la transformation écologique et sociale est un bien commun des plus précieux. Les violences, les replis dogmatiques, les calculs étroits seront sans fin et bien, gardons-nous d’y prendre part et laissons le champ des citoyen-ne-s, libre, ouvert et fécond.

Nicolas MARJAULT