Voir plus loin

19H00, 29 janvier 2016. Assemblée générale de la Cantine, Centre Socioculturel de Souché. Un an d’existence et déjà, une reconnaissance qui dépasse toutes nos espérances.

Evidemment, nos bombes à graine, nos vidéosurveilleurs et vidéosurveilleuses, nos facéties contre l’Empereur, notre engagement pour la Grande Volière, nos zones de gratuité, notre revue, nos grandes tablées itinérantes, nos interpellations publiques sur les migrants, l’Etat d’urgence et la vie associative ont à coup sûr donné crédit à cette façon de faire de politique autrement. Du bio, du beau, du bon. Localement, concrètement, collectivement. Et toujours de manière ouverte et bienveillante.

Et pourtant il nous faut voir plus loin. Voir plus loin parce que trop près, on ne voit plus rien. C’est le problème quand on a le nez dans la merde. On ne voit plus rien d’autre que la tune qui manque, les boîtes qui ferment et la déveine qui prend perpète. Plus rien d’autre que notre peur, plus rien d’autre que les trahisons des uns et les lâchetés des autres, plus rien d’autre que les gueules de boucs émissaires et autres placébos populistes. Voir plus loin, c’est sortir la tête du sac, lâcher nos pilules de Prozac et prendre nos distances avec les arènes virtuelles où on « like » la veille ce que l’on oublie le lendemain.

Voir plus loin parce que c’est la condition pour tout réinventer, pour faire tomber les frontières, pour fabriquer ensemble des solutions concrètes à des problèmes communs. Qu’il s’agisse d’un bar associatif ici, d’une cantine itinérante là-bas, de zones de gratuité ou de zones à défendre, il nous faudra partout construire des ponts, ajouter toujours plus de couverts autour de la table et devenir chaque jour plus gourmand du plaisir que l’on éprouve à initier tous ces petits riens qui permettent justement de voir et d'aller plus loin.

Nicolas MARJAULT