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La séquence dure une minute trente. Envoyée spéciale au carnaval de Cologne, Esmeralda Labye, journaliste pour la télévision belge (RTBF) voit son direct virer au cauchemar suite à l'agression de "trois abrutis sans éducation et bourrés" (selon ses propres termes).
Ce 4 février, Cologne se rappelle une fois encore au mauvais souvenir des femmes. Certes, les 22 plaintes pour agression sexuelle déposées ces jours-ci sont loin de faire jeu égal avec les 800 plaintes qui avaient été déposées pour le même motif lors de la sinistre nuit de la Saint-Sylvestre dans cette même ville. Reste que la RTBF a pris bien soin de préciser que "le non respect des femmes semble ici partagé par tous les hommes, de tous les horizons". Une façon très diplomatique de rappeler que non seulement les immigrés n'ont pas le monopole de la connerie (cf. les agressions et les viols de la Saint-Sylvestre) mais que dans des sociétés sans justice, sans projets partagés et sans perspectives de progrès, la civilisation n'est plus qu'un vernis impuissant face à notre propre animalité. Dans un tel contexte, le droit du plus fort finit toujours par éclipser la force du droit. La morale du troupeau national finit toujours par s'imposer à l'intelligence citoyenne. Et les communautés viriles finissent toujours par faire exploser ce qui, jusque là, faisait encore société.
Face à cela, ce qui manque, ce ne sont pas les caméras. Face à cela, ce qui manque, ce sont deux mots clés. L'éducation de tous, d'abord ; la formation professionnelle de beaucoup ensuite. Hasard des calendriers, le 2 février dernier, la députée Marie Le Vern nous alertait sur la disparition de l'article 14 dans la "Loi relative à la sécurité dans les Transports Publics". Dans cet article, il était justement question de lutte contre le harcèlement sexiste et l'on y prônait justement "l'enseignement à la prévention des violences et des atteintes à l'encontre des femmes dans les Transports Publics" et la nécessaire "formation (des agents) en matière de sécurité des personnes."
A la différence des inutiles caméras, ce type de mesure se situe clairement à contre-courant des attentes de nos sociétés viriles et identitaires. En revanche, elles sont l'une des conditions pour que tiennent le vernis de la civilisation.
Nicolas MARJAULT