Je me trumpe. Tu te trumpes. Nous nous trumpons.

Bien sûr, on ne pourrait voir derrière cette élection étatsunienne qu’un simple mouvement de balancier. Après tout, Bush (the son) succédait à Clinton (the husband) comme Trump succède à Obama mais cela reviendrait à oublier que les oscillations politiques sont désormais d’une violence inouïe.

Rappelons-nous que l’investiture d’Obama par le Parti Démocrate avait semblé tout aussi improbable que celle de Trump par le Parti Républicain; ce qui n’était bien évidemment pas le cas de celle de Clinton (the husband) ou de Bush (the son). Rappelons-nous aussi que l’élection de Bush en 2000 coïncide avec une étrange embellie de la gauche à l’échelle mondiale (Amérique du Sud, Union Européenne) alors que celle de Trump épouse une vague réactionnaire mondiale sans précédent.

Dit autrement, le triptyque national-libéral-sécuritaire est devenu l’alpha et l’omega d’un monde sélectif et discriminant et lorsque ce triste tableau se déploie sans entraves légales ou médiatiques ; il dévoile sa nature raciste, sexiste, homophobe, consumériste et individualiste. Résultat, tout ce qui de près ou de loin, renvoie à une éthique humaniste, environnementaliste et universaliste est marqué au fer brun d’une bobophobie devenue l’incarnation des privilèges et de l’establishment.

Après avoir balayé la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, cette houle nauséeuse va s’abattre avec la même force sur la France. Dès lors, je me trumpe si je me refuse à imaginer Marine Le Pen présidente. Tu te trumpes si tu crois disposer dans le système politique actuel de l’antidote aux mauvais vents dominants. Et au final, nous nous trumpons tous si nous pensons pouvoir faire l’économie d’une union citoyenne de la gauche qui dépasserait les logiques des appareils existants.

Nicolas Marjault