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Casse-croûte

Un blog politique et culturel au service d'un éco-socialisme gourmand.

A mort l'artiste ?

Publié le 2 Juillet 2015 par Nicolas Marjault

A mort l'artiste ?

Ôtez-moi d’un doute, la place de la Brèche est bien un espace public ? Les bancs publics, le miroir d’eau, l’aire de jeux correspondent bien à des attentes sociales satisfaites et financées par le service public…

Alors pourquoi dès qu’il s’agit d’une œuvre d’art les principes les plus élémentaires et les droits sociaux les plus basiques devraient fondre comme neige au soleil ? En effet, comme peut-on « revendiquer politiquement » une installation plastique et ne pas vouloir en acquitter le prix ? « Le maire et l’adjointe à la culture sont venus dans mon atelier. Ils sont prêts à m’apporter leur soutien mais aucun financement n’est disponible » [Franck Ayroles, in « La Nouvelle République », 1er juillet 2015]. Or, toute la communication municipale vise à s’approprier l’image de marque de Franck Ayroles et ce, sans en payer le prix… L’adjointe à la culture se fait d’ailleurs adjointe à la communication lorsqu’elle ouvre l’agenda culturel de l’été niortais par cette formule confucéenne : « une image vaut mieux que mille mots »….

Reste qu’il en faudra des mots pour effacer les maux... Car, jamais le maire n’irait dire à des artisans du bâtiment : j’aimerais beaucoup voir vos bancs en béton sur la Brèche mais si les mutuelles pouvaient les payer, ce serait mieux… Dans l’attente, vous me faites un petit banc témoin à l’œil et moi, je communique

Après la fermeture programmée des ateliers d’artistes municipaux (Espace 3A – Centre Du Guesclin -), les plasticiens doivent une nouvelle fois payer le prix du mépris… Le problème, c’est que sans l’application de ces droits (cession, présentation publique, …), aucune pratique professionnelle n’est possible…

Or, n’en déplaise à nos élus, avoir pour longtemps encore le loisir des arts suppose de ne pas réduire aujourd’hui les arts à un loisir…

Nicolas MARJAULT

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S
Nicolas,<br /> Je ne reconnais pas forcement cela comme un vote sanction, pour plusieurs raisons. Lorsque ce le FN se fait débouter on appelle cela un vote de raison, lorsque la gauche ou la droite se font dégager on appelle cela un vote sanction. Pourtant c’est le même phénomène. Il s’agit d’un débat d’idées, l’idée la plus « populaire » l’emporte. Dans le cas des municipales, je parlerais plutôt d’échec, échec (le votre, le leur) à expliquer de manière pédagogique ses actions, à les relier à des actes du quotidiens des Niortais, des Français d’une manière générale. Echec d’un système en bout de course, échec humain. C’est bien malheureux et je pense que là-dessus vous ne serrez pas forcement d’accord (car engagé et optimiste), mais les perspectives d’un redressement ou d’une quelconque émancipation me semble bien compliquée. Pour moi, l’axe majeur de l’émancipation est Internet. Encore une fois « ils » l’ont bien compris, et profitent du chaos actuel pour verrouiller notre principale fenêtre d’émancipation. Je digresse, mais le lien avec la culture subventionné arrive, ma question (auquel je n’attends pas forcement de réponse de votre part) est « Comment faire rendre populaire et accessible un bien qui à une valeur ? » Une des réponses est l’aide de l’Etat, la commune qui pour le bien public va financer cette culture. Cependant, comment garantir l’indépendance de l’artiste et son droit à la liberté expression si il est soumis à l’argent public ? Aujourd’hui comment valoriser un produit accessible sans aucun frais via Internet ? Les artistes et acteurs de la culture doivent aussi prendre en considération ce phénomène et envisager de nouveaux modèles. D’ailleurs certain l’ont compris depuis bien longtemps, on appelle cela péjorativement des sous-cultures. Ma vision est d’arrêter la monoculture et de favoriser ou laisser des friches culturelles (pour reprendre la métaphore paysanne), il faut donc un laisser faire culturel, laisser aux citoyens leur libre-arbitre et laisser la nature faire. C’est mon unique point commun avec le libéralisme. Je suis pour un libéralisme culturel, sans contrôle de quelconque instance. Le problème, et je le conçois, le pouvoir peut-il laisser émerger toutes les revendications quels soient d’ailleurs artistiques ou politique d’ailleurs. La réponse est bien évidemment non, car il s’agirait de risquer de véhiculer de potentiel mauvaises herbes te de heurter la sécurité d’une majorité. A mon sens, si je dois croire en quelque chose, c’est la proportion de la nature à équilibrer les choseset à en créer de nouvelle (et donc à développer de nouvelle forme d’art), l’Homme, nous ne concevons pas cela. Nous avons un besoin de contrôle de notre écosystème. La culture est notre écosystème. <br /> J’ai compris aussi depuis fort longtemps que militer contre, écrire contre, chanter contre ne servait finalement que le « pour » et ce à toutes échelles du système, je décide de vivre à « part » tant bien que mal. En parlant du système, Là où vous avez tort, votre vigueur littérale le prouvant, vous et moi-même en faisons parti, car il ne s’agit pas d’un tryptique mais plus d’un polyptique, Institutions Partis Elections ET Citoyens, nous avons une part de responsabilité dans tout cela. Il faut le reconnaitre et l’admettre. Le renverser ce système ? Aujourd’hui vous en conviendrez cela devient difficile car il s’agit de se hisser contre un principe positif : la démocratie. Le font du problème, peut-on critiquer la démocratie et son fonctionnement actuelle OUI, Peut-on proposer autre chose : NON. Aujourd’hui je prône le faire sans eux. Les laisser défiler en costume de Napoléon s’ils le veulent, je les laisser débattre sur Qui est Charlie qui ne l’est pas, je les laisse continuer à aller droit à la catastrophe Sociale et Environnementale. Et je fais, j’agis pour faire sans eux, me mettant certainement parfois dans l’illégalité selon leurs considérations. Ma vision, je m’en rends compte en lisant mes lignes, est pour le peu égoïste et pessimiste contrairement à la votre. Mais pardonnez moi Nicolas, j’ai de plus en plus de mal à croire à l’intelligence collective quand aujourd’hui cette dernière est dictée par l’intérêt de quelques un. <br /> A y réfléchir au final, mes remarques/ critiques tenaient certainement plus du fait que vous avez encore la Foi, et que vous vous battez pour un idéal, qui sur quelques points je rejoins, mais pour moi vous vous évertuez à vous « battre contre » alors que je considère qu’il faut « faire sans ».<br /> Cdt <br /> Serge
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N
Serge,<br /> La foi est trop synonyme d'aveuglement pour que je m'y adonne. C'est pour cela que je ne peux être libéral (a fortiori dans le domaine culturel). En revanche, la raison me conduit à considérer la démocratie comme un principe d'organisation sociale intrinsèquement transformateur et/ou révolutionnaire. Et j'y reviens la création contempraine peut participer d'une appropriation pleine et entière de la démocratie. Optimisme de la volonté mais pessimisme de l'intelligence qui me conduit à quitter Gramsci et Rancière pour en revenir à Jaurès dans son approche étapiste du changement social et du rôle de la culture dans celui-ci. Je ne cite pas ces noms pour faire le malin mais pour bien définir le cadre de mon propos. Un point d'accord malgré tout, internet. Et nous retrouverons le même questionnement en ce domaine : ni jungle libérale ni outil de contrôle social. Et l'on en revient à la place du citoyen. L'agora a d'échelle mais elle doit rester une res publica. Certains droits restent donc à définir et à écrire. Certaines prises de conscience doivent avoir lieu. Et là encore, éducation et arts seront au coeur de ces enjeux.<br /> Nicolas
M
Bonjour Serge,<br /> Finalement, nous avons au moins un point d'accord, et ce n'est pas le moindre, c'est la reconnaissance d'un vote sanction. Bilan gouvernemental calamiteux légitimement corrélé à la députation, agonie des logiques partisanes qui n'en finissent plus de se (et de nous) trahir dans une pathétique lutte des places et/ou de se fossiliser dans une vision déterministe et caricaturale de l'histoire. Ajoutons à cela l'excellente campagne populiste de la nouvelle équipe municipale...<br /> En revanche, nous avons toujours quelques points de désaccord. Je maintiens que le système dont vous parlez repose sur le triptyque (institution, partis, élections) et que vous le vouliez ou non, je ne m'inscris aujourd'hui dans aucun des trois piliers du système. La raison en est simple; c'est que le système en question pour tenir et se reproduire doit assurer les besoins primaires (que vous évoquez) tout en se gardant bien de créer les conditions culturelles d'une émancipation collective. L'éducation et les arts en sont le fondement. Et sur ce point, jusqu'au bout je vous le redis, je ne cèderai rien. Vous allez trouver cela "hautain" et "guerrier". Réfléchir, lire, écrire, défendre des idées, faire le pari de l'intelligence collective; tout ceci est probablement très "hautain" mais en tout état de cause, je ne suis pas prêt à y renoncer. Interpeller, faire savoir, convaincre chaque jour que la création contemporaine est notre bien commun le plus inaliénable est probablement "guerrier" mais là encore, je ne suis pas prêt à déposer les armes de la subversion pour revêtir le costume de la barbarie (si j'ai bien compris votre formule sur le dernier rempart).<br /> Et sur la place de l'argent public et des droits sociaux dans le monde de l'art, à défaut de pouvoir vous convaincre sur le notions de justice sociale et service public, essayez a minima de les considérer comme de formidables accélérateurs de particules (situationnistes? Je plaisante).<br /> En tous les cas, merci pour ces échanges.<br /> Nicolas Marjault<br /> Deuxième point d'acco
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S
Bonjour Nicolas, je vais tenter de reformuler mes propos afin d’éviter de passer pour ce que je ne suis pas. J’ai relevé dans votre article une source, source sur laquelle je me suis rendu pour lire et tenter de comprendre votre point de vue. Et c’est à ce titre que je me suis permis d’exprimer mon opinion. Comprenez bien mon message, ce que je trouve ridicule n’est pas le fait de défendre UNE vision de la culture, mais la manière dont vous procédez. Vous êtes dans un système (rayez les mentions inutiles : politique / notable / autre) où systématiquement vous opposez les points de vue, et pointez du doigt les vilaines choses que font vos ennemies (la sémantique guerrière est justifiée et aussi présente dans vos autres articles). Mon propos, et je m’en excuse par avance si vous l’avez interprété autrement est de dire que les critiques systématiques d’actions municipale/ d’élus / de gouvernement ne servent que le jeu politique et cela en devient ridicule. Vous êtes bien dans ce système. Vous avez vu dans les termes entre parenthèse des accusations, ce ne ont pas mes accusations, mais celle des Niortais qui ont voté contre vous. C’est le joyeux principe électoraliste de convaincre que l’autre à toujours fait pire que soit. <br /> Ma vision de la culture et de l’art se rapproche de celle des courants Situationnistes, autonomistes. Et donc selon ma vison, le système actuel des droits sociaux des artistes, les mets effectivement sous perfusion, je ne défendrais pas cela. La preuve en est que les nombreuses baisses de dotation de l’état ont engendré l’arrêt de nombreux festivals et autres actions culturels, et donc la mise en danger de nombreux artistes et techniciens. La dessus, je n’ai pas les compétences pour imaginer un nouveau système. Mais selon moi soutenir la culture tel qu’elle est faites aujourd’hui c’est cautionner ce fonctionnement. <br /> Quant à votre couplet sur « Tant qu'à défendre les arts et la culture, je le ferai jusqu'au bout car c'est l'un des rares remparts connus à l'obscurantisme et à la barbarie », il me fait doucement sourire pour plusieurs raisons. Tout d’abord, malheureusement, l’histoire et l’actualité montrent, que contre la barbarie le dernier rempart est la barbarie elle même. Ensuite, estimer que défendre l’art et la culture est l’un des rares remparts (c’est le mot « rares » qui me fait sourire) c’est négliger d’autres valeurs bien plus importantes pour l’individu lambda qui a déjà de la peine combler ses besoins primaires, je pense que c’est faire preuve d’un comportement hautain. Et que finalement c’est ce comportement qui dessert votre action, tout à fait louable somme toute. <br /> Comprenez bien Nicolas, que si je devais me placer dans un camp, se serait le votre, mais j’estime que ce jeu ne vaut plus rien, car les règles y sont biaisées et donc m’écarté du jeu. <br /> Merci de laisser les opinions s’exprimer sur cette espace que je considère pour le coup intéressant.<br /> Cdt<br /> Serge
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S
Bonjour Nicolas,<br /> C'est assez rigolo la trame de lecture que vous avez adoptée. Je ne sais pas si pour le coup c'est l'interprétation du journaliste de la NR ou la votre, mais l'article cité dit en substance "Tout est parti d'une proposition de l'artiste à l'actuelle municipalité [...]<br /> <br /> A la recherche d'un sponsor<br /> <br /> Pour ça, il faudrait que le modeste banc actuel atteigne une largeur de 3,20 m et que ses deux occupantes grandissent jusqu'à 2 mètres de haut. « Le maire et l'adjointe à la culture sont venus dans mon atelier. Ils sont prêts à m'apporter leur soutien mais les choses sont claires : aucun financement n'est disponible. » Vous avez occulté la première partie. de ce que je comprends c'est l'artiste que propose quelque chose. Si je reprends votre parallèle avec le bâtiment, il faudrait le reformuler ainsi: "Mr le Maire, je vous propose un nouveau concept de banc sur votre place, des bancs massant et novateurs" et à Mr Le Maire de répondre "Super projet, mais nous ne le paierons pas" Je ne vois pas pour le coup où se situe le problème.<br /> Objectivement, je trouve que votre "combat" pour défendre les arts contre la municipalité actuelle devient sensiblement ridicule. L'ancienne municipalité, par ces actions a elle aussi eu des tort ( cachet lors de fête de la musique, clientélisme pour certains évènements), les Niortais ont tranchés, c'est le principes de démocratie. Ce que je retiens, c'est qu'au final, toutes les municipalités sont responsables de clientélisme, de mensonge etc, c'est très certainement le propre de la politique, car oui vous faites partie de ce système. Défendre une opinion, c'est différent d'attaquer systématiquement son adversaire. Il semblerait ces derniers temps que vous faites plus le jeux du "t'as fait ça toi vilain", que de ' je vous propose des alternatives"<br /> Je suis ni pour ni contre, mais pour moi défendre et mettre sous perfusion l'art, les artistes ne profite pas à l'art, cela le transforme tout simplement en produit, produit qui doit satisfaire une majorité. L'ancienne municipalité à largement participer à cela, résultats à mon sens : un diffusion culturelle uniforme, ressemblant aux autres villes ( Nantes par exemple), comme d'ailleurs l'offre des SMACL et festivals aujourd'hui... Bref ce n'est pas le sujet.<br /> Vous défendez un éco socialisme, mais la culture que vous défendez est à mon sens de la monoculture, vous ne faites finalement que reproduire les désastres de l'agriculture. Ce n'est que mon opinion.<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=1-m27orLIOc
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M
Bien joué Serge mais tout s'écroule dès lors que la Ville s'approprie dans tous ses outils de communication le "Banc" en question... Relisez le dernier Vivre à Niort, ouvrez l'Agenda Culturel, relisez les articles issus de la Conférence de presse de présentation de l'été niortais... Là pour le coup, on frise le productivisme (pour reprendre votre métaphore). Après les dimensions du banc ne changent rien sur le fond. Tant qu'aux droits sociaux des artistes, ils ne sauraient être mis en parenthèse parce que la droite siège en mairie . Après, vos accusations sans preuve de clientélisme n'engagent effectivement que vous. Tant qu'au système en question (celui des partis? celui des élus? celui des notables?), vous vérifierez par vous même mais vous vous trompez (en conscience?) de cible. Tant qu'à défendre les arts et la culture, je le ferai jusqu'au bout car c'est l'un des rares remparts connus à l'obscurantisme et à la barbarie. Et ce n'est que mon opinion. Bonne journée à vous.